En 1817, la population de la Savanne comprenait 4928 habitants dont 4541 esclaves (représentant 92 % de la population locale), 208 affranchis et 179 personnes d’origine européenne. La culture de la canne à sucre couvrait une superficie de 1895 arpents, l’indigo, 21, les 717 arpents restant étant alloués à d’autres cultures. La grande majorité de la superficie du district était cependant toujours recouverte de forêt (26 942 arpents) et de savane (3520 arpents). La population peu nombreuse élevait pourtant un nombre comparable d’animaux, soit 3160 cochons, 892 bœufs et vaches, 395 chèvres et moutons, 91 ânes, 54 chevaux et 45 mulets[1].
Avec le contexte social, politique et économique qui régnait à Maurice et à l’étranger et l’apport de personnalités aussi importantes que Charles Telfair, Bel Ombre qui était une petite exploitation délabrée se transforma en une propriété sucrière florissante comparable aux autres exploitations de l'Île, cultivant une palette variée de végétaux de rapport.Bel Ombre cependant fut aussi un lieu d’oppressions et de luttes sociales, qui ont graduellement ouvert la voie à des relations socio économiques plus justes et équitables. Pendant la période anglaise, Bel Ombre accueillit plusieurs milliers de travailleurs engagés, vit la construction du Château et l’établissement de la Bel Ombre Sugar Estate Company, avec quelques actionnaires et leurs descendants,certains toujours là depuis 1910.
Les développements des années 1800 demeurent aujourd’hui remarquables si l’on considère que Bel Ombre a toujours été relativement isolé du reste de l’île et même que le passage à Macondé ne fut ouvert qu’au début du 20ème siècle. Un des personnages les plus importants de l'île Maurice du début de la période anglaise fut Charles Telfair. A Bel Ombre, il contribua grandement à la diversification des cultures et à la mise en place du système maritime pour le transport des produits finis sucriers de Bel Ombre à Port Louis à bords des ‘côtiers’ et pour l’acheminement de marchandises et fournitures dans le sens opposé.
[1] Yvan Martial, Notes prises dans le livre “Ephémérides et Statistiques” du Baron d’Unienville, datant de 1838.