Dans le Code Noir de 1723, les esclaves étaient désignés en tant que« biens-meubles ». Ils étaient considérés comme appartenant à leurs propriétaires qui les soumettaient à une servitude involontaire[1] . Ces derniers pouvaient se couvrir par des assurances et réclamer compensation en cas de perte, par exemple lors de révolte, d’intempéries ou par maladie. Les esclaves pouvaient être légués en héritage comme biens actifs. Ils n’avaient aucun droit, ne pouvaient toucher de salaires et leur progéniture devenaient automatiquement la propriété de leurs maîtres.
La population d’esclave augmenta de façon exponentielle pendant le 18e siècle, passant de 2 533 en 1746 à 63 821 en 1810. Mahé de La Bourdonnais ayant fait venir de la main d’œuvre qualifiée d’Afrique et d’Inde, un nombre restreint d’esclaves furent formés et devinrent ouvriers spécialisés et artisans, alors que la grande majorité restait cantonnée aux lourds travaux manuels. Ils étaient laboureurs, domestiques, pêcheurs, travailleurs portuaires et marins. Les conditions de l’esclavage étaient effroyables non seulement pendant le voyage mais aussi pour le logement et l’alimentation. Il existe de nombreux témoignages de cas de malnutrition, d’habillements inappropriés et de répression extrêmement violente de toute dissidence[1].
Les esclaves étaient présents dans toutes les parties de l’île incluant le sud. Le nombre d’esclaves à la Savane, qui formaient la majorité de la population, était estimé à 4541 en 1817 et devait se réduire par 122 à 4419 en 1825, alors que le nombre d’affranchis augmentait pour passer de 208 à 308 dans la même période. On pense que cette baisse a pu être causée par le fait que la traite fut alors décrétée illégale[2].
[1]Truth and Justice Commission, Volume 1 Report of the Truth and Justice Commission, 2010.
[2] Yvan Martial, Notes prises dans le livre “Ephémérides et Statistiques” du Baron d’Unienville, datant de 1838.