ÉCOSYSTÈMES DE BEL OMBRE
De la crête au récif
Origines de la biodiversité endémique terrestre et marine
L’île Maurice, sœur ainée des îles formant les Mascareignes, a été créée par de gigantesques éruptions volcaniques sous-marines à l’est du plateau continental africain et de Madagascar. L’on estime qu’elle a commencé à émerger il y a 8 millions d’années. La Réunion il y a 5 millions d’années; alors que Rodrigues, que l’on pense plus récente, daterait de quelque 1,5 millions d’années. Le profil visible de l’île émergeant au-dessus de la surface de la mer est constitué de plusieurs chaînes de montagnes, dont l’altitude varie entre 300 et 800 mètres (1000 à 2600 pieds). Ces montagnes aux formes caractéristiques disposées en anneaux sont les vestiges de plusieurs caldeiras, le stade ultime des formations volcaniques lorsqu’elles s’éteignent après l’explosion de la montagne centrale. D’autres pics et cratères isolés qui se trouvent autour de l’île ont étés formés de la même manière.
Au fil des millions d’années qui se sont écoulées depuis sa formation, l’île Maurice fut colonisée par des plantes et des animaux qui sont arrivés de Madagascar, d’Afrique, de l’Inde et d’Asie par les airs, le vent et la mer. La topographie crée par les caldeiras a déterminé la pluviométrie, les types de sols dans les différentes régions, les types de plantes et donc les différentes structures forestières. L’isolement de l’île a permis l’évolution des plantes et des animaux en formes distinctes de leurs ancêtres, qui s’est traduite au fil du temps par la constitution d’un des plus fort taux d’endémisme sur la planète. Des 685 espèces répertoriées à Maurice, 267 sont endémiques de Maurice et 150 des Mascareignes. Cette riche biodiversité a été sévèrement compromise par l’apport important de végétaux et d’animaux exotiques au fil des vagues de développement liées au peuplement de l'île. Aujourd’hui la forêt endémique originelle ne représente plus que 2 % du territoire.
Pour le milieu marin, cette île volcanique en zone tropicale est un lieu idéal pour l’installation de coraux, qui sur une période de plusieurs millions d’années ont produit les récifs frangeant qui entourent Maurice. Ils ont ainsi créer les conditions favorables au développement d’écosystèmes côtiers et marins uniques comptant plus 1700 espèces marines répertoriées à ce jour. Grâce à la connectivité des mers, beaucoup de ces espèces établies autour de l’île se retrouvent plus largement dans la région Indo- Pacifique.
Le lagon et ses créatures ont aussi souffert du développement sur les côtes et de la surpêche. De plus, aujourd’hui, les coraux et la vie marine associée déjà vulnérables, sont confrontés aux défis associés aux changements climatiques, les plus notables étant l’acidification des océans et la hausse des températures de la mer.
Au regard de la situation écologique actuelle, la protection des forêts indigènes, la participation aux activités de reboisement et la gestion des ressources côtières et marines de manière responsable sont autant de réponses qui se mettent en place pour assurer leur pérennité et fournir des conditions écosystémiques vitales indispensables aux populations humaines mais également aux autres espèces qui en font la richesse. A Bel Ombre, de nombreux programmes de conservation et de protection des milieux et des espèces ont été initiés en collaboration avec des organisations nationales tel que la Mauritius Wildlife Foundation et Reef Conservation.
Écosystèmes intégrés et connectés
La biodiversité unique de l’île repose sur l’équilibre délicat de tous les composants de ses écosystèmes. Bien qu’ils semblent séparés, les habitats terrestres et côtiers/marins sont étroitement liés par l’écoulement des eaux des hautes terres jusqu’au lagon. Les forêts saines retiennent l’eau, les sédiments et nutriments, qui autrement s’écouleraient dans le lagon, où en général les coraux se développent dans des eaux pauvres en éléments nutritifs. Les forêts saines aident aussi à maintenir en bonne santé les rivières et les estuaires, qui servent d’abri à de nombreuses espèces marines juvéniles.
Dans les écosystèmes insulaires, les connexions terrestres et marines sont encore plus importantes. Le concept de gestion des écosystèmes « de la montagne au récif » préconise une approche intégrée dans le cadre de la gestion des activités de plusieurs secteurs dans un bassin versant/bassin hydrographique, du haut des montagnes jusqu’au lagon et l’océan, afin d’assurer la durabilité des ressources, la conservation de la biodiversité, la réduction des risques et la préservation de moyens de subsistance pour la population.
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