La Flore originelle de l’île Maurice était dominée par différents types de forêts qui change de structure et de composition selon l’altitude, le type de sol et la pluviométrie. Le Domaine de Bel Ombre possède sur son sol trois écosystèmes qui accueillent trois types de forêts qui ont été relativement bien préservés au fil des siècles. Différentes espèces de plantes s’y sont adaptées et développées dans la forêt humide de haute altitude, la forêt sèche du littoral, aussi bien que dans la forêt intermédiaire. Certaines espèces se trouvent dans les trois milieux, par ex : L’Ébénier noir (Diospyros tesselaria), le bois de gaulettes (Doratoxylon apetalum) et le Colophane bâtard (Protium obtusifolium). Les forêts abritent également une faune composée d’animaux endémiques rares, tels la Crécerelle (Falco punctatus), le gros cateau verte (Psittacula eques) et le chauve-souris (Pteropus niger), le seul mammifère endémique terrestre connu.
Types de forêts
Les conditions qui provoquent la spécificité des forêts mauriciennes sont la pluviométrie, l’altitude, les types de sol et le régime des vents qui ont ont mené au développement de dix différents types de forêts sur l’île. Elles peuvent être classées comme suit :
Littoral (0-200m) |
Intermédiaire (200-400m) |
Altitude (>400m) |
Forêt côtière : île aux Aigrettes, îlot Gabriel, Gris-Gris |
Forêt semi-aride (1,500 mm/an) : Corps de Garde
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Marais d’altitude : marécage, dominé par le Pandanus. |
Marais côtier et forêt de mangrove : côte sud-est |
Forêt subhumide (2,500 mm/an) : dominée par Diospyros & Canarium comme à Bel Ombre |
Bruyère (3,500-4,500 mm/an) : forêt rabougrie aux plantes munies de feuilles épaisses sur des sols lessivés, |
Forêt sèche (>1000mm/an) : forêt colorée |
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Forêt humide des hauts (4,500 mm/an) : forêt haute sur des sols riches, e.g. Maccabé, Brise Fer |
Forêt de palmiers (>1,000mm/an) : forêt claire avec beaucoup de palmiers (i.e. l’île Ronde) |
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Forêt de mousse (4,000-5,000 mm/an, 600-800m) : forêt de brouillard, riche en épiphytes |
Source : R. Atkinson and J-C Sevathian, A guide to the plants in Mauritius, The Mauritian Wildlife Foundation
Les plantes de Maurice, comme c’est le cas dans de nombreux écosystèmes insulaires, ont développé des adaptations particulières à leur environnement. Elles sont plus résistantes aux cyclones grâce à une densité élevée d’arbres, une canopée relativement basse et des racines de soutien qui ancrent solidement les arbres dans le sol. Beaucoup de végétaux de ces forêts possèdent une caractéristique particulière; ils sont hétérophiles, spécificité des plantes qui développent des feuilles de formes, couleurs et dimensions différentes sur un même sujet. Cette adaptation aux conditions environnementales réponds à deux critères connus, Les tâches de couleurs vives qui ornent les feuilles sont répulsives pour les herbivores et les formes palmées des feuilles servent à optimiser la captation de la lumière à travers la densité de la canopée. De nombreuses espèces portent leurs inflorescences directement sur leurs troncs, ce qui en facilite l’accès aux insectes, aux reptiles tels le gecko de Maurice et aux oiseaux, tous pollinisateurs de leurs fleurs. Un autre trait distinctif de nombreuses plantes, est leurs fruits larges, charnus, souvent de couleurs brillantes contenant des graines dures dont se nourrissaient les dodos, scinques (lézards) et tortues géantes. Du temps de leur existence, ces derniers ont donc joué un rôle important dans la dispersion des graines. Leur disparition a certainement été un facteur impactant sur la faible régénération de beaucoup d’espèces.
Les forêts aident à la décomposition des matières organiques, au processus du cycle de nutriments, à la rétention et à la fourniture d’eau. Elles aident aussi à réguler le climat, à contrôler l’érosion, à réguler les perturbations. D’un point de vue social, elles sont un pôle de divertissement important pour de nombreux Mauriciens et voyageurs étrangers. A titre d’exemple, le Parc National des Gorges de la Rivière Noire accueille près de 100 000 visiteurs annuellement. Ainsi les ressources forestières gérées de manière adéquate peuvent contribuer à la réhabilitation de l’environnement, la création d’emplois, la fourniture de bois et de produits autres que du bois, la sécurité alimentaire, l’écotourisme, le divertissement et le bien-être national. Elles jouent surtout un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité végétale et de la faune.
La dégradation des forêts indigènes de Maurice qui ne représentent plus que 2% de la forêt primaire d’origine et le taux d’extinction des espèces animales ont atteint un tel niveau que sans une gestion active, on estime que les derniers vestiges de la forêt originelle pourraient avoir disparu sous un délai de cinquante ans.
Par gestion active des forêts indigènes, on sous-entend l’éradication des espèces exotiques envahissantes et le contrôle des animaux introduits qui perturbent le processus écologique des milieux naturels. Certaines des espèces exotiques envahissantes les plus préjudiciables comprennent la Goyave de Chine (Psidium cattleianum) et le Ravenala (Ravenala madagascariensis), alors que les cochons (Sus crofa), les singes ( Macaca fascicularis), les rats (Ratus ratu) et les cerfs (Cervus timorensis) se nourrissent des semences et plantules indigènes, perturbent le sol et aggravent la dispersion des graines des plantes invasives. La replantation d’espèces indigènes à grande échelle dans des zones qui ont été débarrassées des plantes et espèces exotiques envahissantes sont un aspect important d’une gestion qui vise à la restauration de ces milieux. Depuis May 2009, Bel Ombre s’est activement engagé dans la gestion et le reboisement de 9 hectares d’espèces indigènes et de forêts sur ses terres, en collaboration avec la Mauritian Wildlife Foundation.