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Rencontres avec les Anglais et cible potentielle

  • Position stratégique

    La conquête de l'île afin de limiter l’expansion de l’Empire napoléonien et de réduire le lourd impact des Corsaires sur leur flotte dans l’Océan Indien était alors au cœur de la stratégie Anglaise dans la région. Toute approche anglaise était donc considérée comme une possible tentative d’invasion et se heurtait à une résistance militaire et parfois à une farouche réaction des civils.Bel Ombre, en raison de son éloignement et des difficultés d’accès depuis l’intérieur, représentait un lieu propice à un débarquement par surprise

Arrivée « accidentelle » 

L’accueil hostile fait au Capitaine Matthew Flinders n’est de ce fait pas surprenant lors de son débarquement à Baie du Cap le 15 décembre 1803, à l’issu de sa traversée de l’Océan Indien depuis l’Australie à bord du Cumberland, bateau relativement petit, pesant 29 tonnes et mesurant quelques dizaines de pieds de long.

Lorsque le gouverneur Decaen apprit cette arrivée inopinée, il ordonna presqu’immédiatement qu’il soit mené à Port-Louis pour y être écroué. Il y fut assigné à résidence au Jardin Despeaux au nord de la capitale. Flinders était suspecté d’espionnage et le choix de Baie du Cap comme lieux de débarquement au lieu de Port Louis ainsi que le manque de documents administratifs qu’il avait à produire en temps de guerre ne firent qu’étayer l’hypothèse. Decaen lui imposa un exil forcé en le maintenant dans l'Île.

Avec le soutien de collègues naturalistes, d’amis et d’habitants bénévoles, Flinders fut transféré de la maison d’arrêt à la résidence de Mme Marc d’Arifat dans la région d’Henrietta. Il y demeura jusqu’en 1810 lorsque le gouverneur le libéra dans une tentative infructueuse d’embobiner les Anglais.

 

Tentatives de débarquement et conquête Anglaise

Après avoir pris possession de l'Île Bourbon en 1808, 1810 fut l’année de la conquête de l’ile de France voisine. Plusieurs tentatives échouèrent, dont un débarquement de troupes anglaises à Bel Ombre. Le Capitaine Willoughby à bord de La Néréide accosta à la Baie de Jacotet. Lors de l’attaque M Thomas Estienne Bolgerd, commandant du quartier, fut capturé. Les habitants révoltés se précipitèrent pour défendre le Poste du Jacotet. Pris par surprise, le Capitaine Willoughby libéra Estienne Bolgerd en échange de vivres avant de reprendre la mer. Plus tard, la frégate Le Sirius tenta également un accostage à Saint-Martin. Une fois de plus, les habitants repoussèrent les envahisseurs[1].

Cependant l’histoire de la conquête de l'île par les Anglais fut surtout marquée par ‘Le Combat du Vieux Grand Port » qui se déroulât du 22 au 28 Août de la même année. Ce combat Naval d’anthologie fut l’unique victoire de Napoléon Bonaparte sur les mers. Ce fait justifie son inscription sur l’Arc de Triomphe à Paris parmi les autres victoires de l’Empereur.

Ces échecs découragèrent les Anglais de débarquer dans le sud. Le Capitaine G Victor Duperré récemment promu Contre-Amiral après victoire au Grand Port raconte dans ses mémoires : « Le 29 Novembre 1810, au jour, l’ennemi fut signalé, au vent, au nombre de 74 voiles. Dans la matinée ils mouillèrent sur la côte de la Poudre d’Or et vers la Grande Baie. A 11 heures, les signaux annoncèrent que les troupes débarquaient sur ce point ; elles ne pouvaient y éprouver aucune difficulté ».

Ainsi l’Ile de France devint Ile Maurice.

 


[1]moiresJean-Pierre Lenoir, Bel Ombre, entre mer et montagne, Editions du Corsaire

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