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Une belle maison, un propriétaire absent

  • Contexte

    À la fin du 19e siècle, après plus de cinquante ans de boom sucrier, la colonie dut faire face à une dure réalité. En effet, la centralisation et l’expansion de la production sucrière de même que l’afflux nécessaire de travailleur; bien que créant d’immenses richesses, augmentèrent le déboisement de vastes zones et la vulnérabilité de la culture cannière à l’impact des cyclones. La population fut frappée par une série d’épidémies, tels que la malaria et le choléra. De plus, une forte expansion de la production sucrière dans le monde causa la chute du cours du sucre après les années 1860, il devint alors clair que l’économie de l’île était très vulnérable aux chocs internes et externes[1].  

     


    [1] Allen Richard, “SlavesFreedmen and Indentured Laborers in Colonial Mauritius”, 1999

Propriété musulmane

Il est donc intéressant de noter que c’est dans ce contexte économique national et international que Bel Ombre changea de propriétaire. En 1886, année de crise économique, la propriété fut brièvement cédée à des Indiens de foi musulmane. 2175 arpents de forêt formant partie de Bel Ombre Sugar Estate furent vendus au gouvernement. Cette portion de terre fait maintenant partie du Parc National des Gorges de la Rivière Noire où sont protégée, conservée et restaurée une partie des deux pour cent de forêt endémique qui existe encore à Maurice. Le reste de la propriété fut vendue aux Sires Taleb et Mamoojee. Dix ans plus tard, les deux propriétaires la revendirent à M. M. H. Salehmohamed qui la revendit la même année à M. Hajee Jackaria Ahmed qui agrandit la propriété une fois de plus en acquérant Beau Champ et Sainte Marie[1].

 

Le Château

Il se raconte que Mr. HajeeJackaria Ahmed ne vint jamais à Maurice. Il confia la gestion de Bel Ombre à un administrateur local et délégua des superviseurs qui effectuaient des contrôles réguliers sur la propriété. On n’en sait pas davantage sur cet homme qui commandita la construction du Château de Bel Ombre, la  belle demeure qui a accueilli des générations d’administrateurs et nourrit de nombreuses légendes et histoires de fantômes. La maison fut conçue par le même architecte qui réalisât le bâtiment du Trésor à Port-Louis dans lequel se trouvent aujourd’hui les bureaux du Premier Ministre. Il présente des caractéristiques similaires ; le travail en pierres de taille, la toiture, la simplicité de la symétrie intérieure et la véranda circulaire[2]

 

Poste de police de Baie du Cap

On doit également à M. H. J. Ahmed la construction du poste de police de Baie du Cap, sous les ordres de M. Nakoda Ludhaboy Corjee, en 1905. Une plaque commémorative rappelle aux visiteurs que le bâtiment fut partiellement construit à partir de matériaux récupérés du Clan Campbell qui fit naufrage quelque part entre Souillac et Baie du Cap le 22 septembre 1882[3].

 


[1] Notes Yvan Martial

[2] Jean-Pierre Lenoir, Bel Ombre, entre mer et montagne, Editions du Corsaire

[3] « La face islamique de notre industrie sucrière », L’Express 1 juillet 2008

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