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Bel Ombre du temps de Telfair

  • Lorsque Charles Telfair acquit la propriété de Bel Ombre de Calixte Chamoiseau en 1816, pour la somme de 60 000 dollars, la propriété connut des évolutions majeures qui portent toujours leurs fruits aujourd’hui. La culture de la canne à sucre nécessitant une main d’œuvre abondante, Telfair se tourna vers de nouvelles technologies pour combler les lacunes et aborda la production de sucre en scientifique, testant les méthodes, pratiquant essais et contrôles afin de s’assurer que les meilleures solutions soient choisies.

Transmission du labeur de l’homme à l’animal

L’utilisation de la charrue tractée par des bœufs fut l’une des premières innovations introduites à Bel Ombre. C’était également une première dans l'Île. En 1818, des 4000 arpents de Bel Ombre, 125  arpents sous cannes étaient labourés par des bœufs. En 1821 la méthode fut étendue à 180 autres arpents. Telfair conserva un site témoin de 10 arpents labouré à la pioche. La différence en productivité entre les sites d’essai et de contrôle fut telle que 180 bœufs furent dressés à tirer la charrue. Le labour par la charrue fut utilisé pour d’autres cultures que la canne sur la propriété dont les champs de maïs. On appelait la charrue « piosbef », voulant dire pioche à bœuf. Son apparition dans le paysage agricole donna lieu à des compétitions amicales entre laboureurs. Pour encore améliorer cette méthode, Telfair investit dans des déchiqueteuses et coupe-racines pour la production de nourriture pour bétail et en nourrit ses vaches.

 

Esprit d’entreprise

Telfair investit aussi dans un moulin horizontal importé de Londres au prix de 1006 livres sterling. Jusqu’alors, seulement des moulins verticaux avaient été utilisés ; le moulin horizontal se révéla beaucoup plus efficient que le moulin vertical. Cet investissement révolutionnaire eut pour retombée le remplacement des moulins verticaux en moulins horizontaux sur toute l’île au cours des vingt années suivantes[1].Il introduisit différentes variétés de cannes mieux adaptées au climat pour une meilleure productivité. Il installa aussi un petit chantier naval dans lequel la construction d’une goélette fut entreprise par Joseph Bailey avec l’aide de deux esclaves. Cette goélette aussi appelée « Côtier » servit au transport de bois et de sucre le long de la côte vers Port-Louis jusqu’à son naufrage lors d’un cyclone en mars 1828.

 

Engagement social

Charles Telfair voyait le développement et la modernisation des méthodes d’agriculture comme un moyen d’améliorer parallèlement les conditions de travail des hommes libres et des esclaves.Il s’assurait que ses esclaves étaient bien traités autant que possible et s’efforça d’envoyer leurs enfants à l’école pour y apprendre à lire et à écrire. Il fit construire un petit hôpital à l’embouchure de la Rivière Citronnier et attribua des habitations existantes à cet endroit à des esclaves. Bien qu’il ait fait l’objet de critiques de la part d’activistes anti-esclavage qui l’ont assimilé aux autres propriétaires, il avait indéniablement une vision plus humaniste que la plupart de ses contemporains.

 


[1] Sydney Selvon,A New Comprehensive History of Mauritius, 2012.

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